Dans le pays de Bray, les deux «papy Daniel» racontent leurs chemins de Compostelle
Trente-sept jours de marche, 860 km parcourus avec une moyenne de 23,6 km par jour. Deux jours et demi de pluie avec un gros orage. C’est ce qu’ont parcouru et vécu les deux Gournaysiens sur les routes de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Cet été, Daniel Taramini et Daniel Dubois ont sillonné les routes de Saint-Jacques-de-Compostelle pour la 4e fois ensemble. Comme pour plus de 60 % des marcheurs qui se lancent dans cette aventure, les deux Gournaysiens s’inscrivent dans une démarche culturelle et sportive.
« Lors des premiers pèlerinages, nous marchions durant 30 km, mais cette année on a baissé un peu, indique Daniel Taramini. Le but c’est d’arriver le soir. Notre objectif au début c’était d’atteindre Saint-Jean-Pied-de-Port et s’il faisait beau de pousser jusqu’à Ronceveaux (Espagne), ce que nous avons pu effectivement réaliser. » « C’était l’étape la plus dure : 1 600 m de dénivelé, précise Daniel Dubois. Mais c’était magnifique, avec une abbaye toute seule dans le paysage. »
« Nous étions les deux papy Daniel »
« Sur le chemin de Compostelle, poursuit Daniel Dubois, chacun fait suivant ses moyens physiques et financiers. » Les deux hommes ont dépensé chacun 1 500 € en comptant les 100 € du trajet au départ de Paris jusqu’à Vezelay (Yonne), leur point de départ. « Parfois, nous arrivons dans une commune où le gîte est fermé, alors nous frappons aux portes et disons aux gens : “nous sommes deux vieux pélerins”. Nous étions les deux vieux papy Daniel, cela nous a bien fait rire ! », s’amuse Daniel Dubois.
Pour Daniel Taramini, c’était son 9e pèlerinage, mais il ne compte plus les autres marches, du GR20 au Mont-Blanc en passant par les gorges du Verdon. « C’est sur les conseils de mon chirurgien, après avoir eu une hernie discale – qui a failli me laisser paralysé – que j’ai commencé à marcher, explique Daniel Taramini. Ce dernier m’avait dit : “si vous ne voulez pas me revoir, faites de la natation et de la marche.” Avant j’étais un peu fainéant comme tout le monde, toujours assis dans la voiture ou devant le bureau, et rien d’autres. Depuis, j’ai perdu 8 kg et mes analyses sanguines sont au top. » Si Daniel Taramini a commencé en solitaire, l’ennui n’était jamais de la partie : « On n’est jamais seul. Lorsque l’on marche, on rencontre tout le temps du monde. Je suis parti une fois de Burgos seul, et le 2e jour je me suis fait deux copains avec qui j’ai marché durant vingt jours. Sur un autre chemin, j’ai rencontré une Espagnole avec qui j’ai marché durant dix-neuf jours. »
Une préparation physique de deux mois
Daniel Taramini a fini par transmettre le virus à Daniel Dubois qui l’écoutait raconter « son chemin de Compostelle ». « Je lui ai demandé un tas de renseignements : comment cela se passait, les conditions physiques, comment l’on se préparait, ce qu’il fallait emporter, se souvient Daniel Dubois. La préparation physique a alors commencé pendant plus de deux mois : marches de plus en plus longues, sac à dos de plus en plus lourd (9 kg maximum). »
Les deux amis ont appris l’un de l’autre. Lors de ses premiers voyages, Daniel Taramini chargeait ses bagages de plans, de livres sur les endroits traversés et notait les itinéraires sur des morceaux de papiers accrochés à sa ceinture. Grâce à Daniel Dubois, il s’est familiarisé avec les applications sur téléphone indiquant non seulement le trajet, mais aussi les hébergements.
Malgré cela ils s’autorisent à se tromper de chemin une fois par jour, car il y a des « petits malins » qui enlèvent les panneaux avec les marquages, et les zones blanches obligent alors à revenir aux anciennes méthodes.
Quelques anecdotes
Les deux hommes ont de nombreuses anecdotes. « Une année, j’ai marché avec 17 personnes, raconte Daniel Taramini. Il ne faut jamais faire cela, c’était des histoires sans arrêt. »
Les rencontres sont aussi variées qu’il y a d’individus, soulignent les deux amis. Ils ont le souvenir d’un gîte communal « écolo » avec des toilettes sèches, et où la douche était constituée d’un ancien pulvérisateur à engrais qui déversait de l’eau froide. Il était tenu par un jeune couple d’instituteurs qui « voulaient revenir aux sources. Le lieu se nommait Le colibri de Compostelle. »
Pour Daniel Dubois, c’est le souvenir du camping de Varzy qui l’a marqué. « On sentait bien que la commune ne s’intéressait plus à ces installations, ni au confort des pèlerins. C’était vraiment miteux. Il y avait une petite pièce avec des lits métalliques et des matelas sans âge et douteux. L’un d’entre nous a dormi dehors. Il n’y avait pas de sanitaire. Ils nous ont demandés 5 €. C’est eux qui auraient dû nous les donner. »